Réponse :
L'expression "père spirituel" ne figure pas dans la Bible. Certains passages impliquent une forme de paternité spirituelle entre les individus et sur les églises. Pierre a appelé Marc "mon fils" (1 Pierre 5:13). Paul désigne Timothée comme "mon vrai fils dans la foi", indiquant ainsi sa relation étroite avec Timothée (1 Timothée 1:2). Ailleurs dans les lettres de Paul, il désigne également Onésime comme son fils, indiquant ainsi qu'il était un père spirituel pour l'ancien esclave (Philémon 1:10).
Les apôtres laissent également entendre qu'ils sont des "pères spirituels" à l'égard de diverses congrégations. L'apôtre Jean a qualifié les membres d'une église qu'il supervisait de ses enfants (1 Jean 2:1, 12-13). La relation de Paul avec l'Église de Corinthe est comparée à celle d'un père avec ses enfants (2 Corinthiens 12:14-15). Ailleurs, Paul écrit : "Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris cela, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. 15 En effet, même si vous aviez 10'000 maîtres en Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai donné la vie en Jésus-Christ par l'Evangile" (1 Corinthiens 4:14-15). Dans chaque cas, il se peut que ces apôtres aient conduit leurs "enfants spirituels" à la foi en Christ ; même si ce n'est pas le cas, les apôtres ont aimé, protégé et conduit ceux qui étaient sous leur responsabilité spirituelle comme un père le ferait avec ses propres enfants. Nous remarquons que, bien que Paul appelle Timothée son "fils dans la foi", aucun des apôtres n'est appelé "père" par d'autres croyants.
Père est un titre utilisé par les catholiques pour désigner les prêtres et même le pape. De même qu'un père s'efforce d'élever ses enfants jusqu'à la maturité, les prêtres catholiques affirment que leur travail de père spirituel consiste à élever leurs fidèles jusqu'à la maturité spirituelle. Ils comparent leur travail de père spirituel à celui d'un père physique, affirmant qu'ils lavent les enfants à la naissance par le baptême, les nourrissent par l'eucharistie et les guident en interprétant la Bible. Les catholiques romains utilisent des versets tels que 1 Corinthiens 4:14-15 et 2 Corinthiens 12:14-15 pour justifier le fait que leurs prêtres sont appelés "pères", mais nulle part dans les Écritures les surveillants ou les pasteurs ne sont appelés pères spirituels. Ils sont plutôt appelés bergers (Jean 21:15-17 ; 1 Pierre 5:1-3). Tout comme Jésus est le bon berger (Jean 10:11), les pasteurs doivent être les bergers du troupeau de croyants que le Christ leur confie (1 Pierre 5:2).
L'idée d'un père spirituel est souvent utilisée de manière plus générique pour désigner tout homme chrétien qui discipline ou encadre un jeune chrétien dans la foi. Jésus a ordonné à ses disciples de "faire des disciples", ce qui implique la création de relations spirituelles qui, d'une certaine manière, ressemblent aux relations père/fils et mère/fille (Matthieu 28:19). Dans sa lettre à Tite, Paul explique comment les femmes plus âgées doivent enseigner les jeunes chrétiennes dans la foi (Tite 2:4).
En tant que père spirituel de Timothée, Paul a enseigné la doctrine et donné un modèle de vie chrétienne à son jeune ami en l'emmenant avec lui lors de voyages missionnaires (2 Timothée 1:13 ; Actes 16:1-3 ; 2 Corinthiens 1:19). Au bout d'un certain temps, Timothée a assumé son propre rôle de leader et a, à son tour, formé d'autres croyants dans le cadre d'une relation de type "père spirituel" (1 Thessaloniciens 3:2 ; 1 Timothée 4:11-16).
Dans Matthieu 23, Jésus interdit l'utilisation du titre de père comme signe de supériorité : N'appelez personne sur la terre "père", car vous n'avez qu'un seul père, et il est dans les cieux" (verset 9). Dans ce même contexte, Jésus interdit également les titres de rabbin ("professeur") et d'instructeur ("maître" ou "chef"). John MacArthur commente : "Jésus condamne ici l'orgueil et la prétention, et non les titres en tant que tels... Le Christ interdit simplement l'utilisation de ces noms en tant que titres spirituels, ou dans un sens ostentatoire qui accorde une autorité spirituelle indue à un être humain, comme s'il était la source de la vérité plutôt que Dieu" (The MacArthur Study Bible).
