Question : Pourquoi Dieu nous a-t-il donné le libre arbitre ?
Réponse :
La question de savoir pourquoi Dieu a donné le libre arbitre à l'homme revient souvent dans les discussions concernant le problème du mal. On demande pourquoi il y a tant de mal dans le monde, et la réponse est que les êtres humains ont choisi de faire le mal. Dieu n'est pas à blâmer. La question qui s'ensuit est la suivante : si Dieu pouvait voir à l'avance toutes les mauvaises choses que les gens allaient choisir de faire, pourquoi nous a-t-il donné le libre arbitre ?
La réponse "classique" semble être que, pour que l'amour soit réel, il ne doit pas être contraint. Si nous n'avions pas la possibilité de rejeter Dieu, nous n'aurions pas non plus la possibilité de l'aimer vraiment. Certains théologiens vont même jusqu'à dire que la liberté humaine est le bien suprême et que même Dieu ne la violera pas. L'amour et le bien authentiques ne peuvent exister que dans un monde où il existe une possibilité de rejet et de mal authentiques. Certains ajoutent que, puisque Dieu connaît toutes les possibilités passées, présentes et futures (prescience), le monde qu'il a créé doit être celui où la plus grande quantité de bien résulterait. De tous les mondes possibles, celui qu'Il a créé est le meilleur. Le problème avec cette ligne de pensée est que, bien qu'elle soit plus ou moins satisfaisante intellectuellement, elle n'est jamais articulée dans l'Écriture.
Voici quelques réflexions supplémentaires qui peuvent nous aider à formuler certaines conclusions sur les raisons pour lesquelles Dieu nous a donné le libre arbitre. Du moins, elles nous permettront de donner tout son poids à l'évidence biblique.
Tout d'abord, nous devons admettre que le "libre arbitre" est limité par les possibilités physiques. Le "libre arbitre" ne peut pas signifier que nous sommes libres de faire tout ce que nous voulons. Beaucoup de gens aimeraient probablement voler comme Superman, être aussi forts que Samson ou se téléporter d'un endroit à l'autre, mais des limites physiques les en empêchent. D'un certain point de vue, cela ne semble pas relever du libre arbitre, mais ce n'est pas complètement étranger, car Dieu a créé un monde dans lequel les gens désirent faire ces choses mais n'ont pas la capacité de les faire. En ce sens, Dieu a limité le "libre arbitre", il n'est pas vraiment libre au sens où on l'entend généralement.
Lorsque nous prions pour quelque chose, nous prions souvent pour que le "libre arbitre" d'une autre personne soit restreint par des circonstances extérieures et des limitations physiques. Si un dictateur violent envahit un pays voisin et que nous prions pour sa défaite, nous prions certainement pour que le dictateur ne puisse pas faire ce qu'il veut. Dans ce cas, la personne qui prie demande à Dieu d'intervenir sur la volonté d'une autre personne pour l'empêcher d'accomplir ce qu'elle a choisi de faire. Dans la manière dont Dieu a créé le monde, il a prévu de nombreuses limitations qui entravent notre volonté et limitent nos choix. De même, il peut intervenir pour limiter davantage nos choix par des circonstances indépendantes de notre volonté.
Dans cette optique, nous pourrions peut-être définir le libre arbitre comme la capacité de choisir ce que nous voulons, dans les limites des contraintes physiques. Cela soulève le deuxième problème, en rapport avec ce que nous désirons. C'est pour traiter de cette question que Martin Luther a écrit son traité "La servitude de la volonté". Le problème n'est pas que nous ne sommes pas libres de choisir ce que nous voulons, mais que ce que nous choisissons est sévèrement limité par nos désirs. Nous choisissons librement de désobéir à Dieu parce que c'est notre désir. Tout comme nous ne pouvons pas voler comme Superman en raison de nos limites physiques, nous ne pouvons pas obéir à Dieu en raison de nos limites spirituelles. Nous sommes libres de choisir toutes sortes de façons de désobéir à Dieu, mais nous ne pouvons tout simplement pas choisir d'obéir à Dieu sans que nos désirs soient radicalement réorganisés (certains diraient régénérés), et nous sommes incapables de le faire par nous-mêmes. En dehors de Dieu et livrés à notre moi pécheur, nous choisirons le péché (Psaume 14:1-3, 53:1-3 ; Romains 3:10-12).
Romains 8:5-8 identifie les limites spirituelles de notre "libre arbitre" : "En effet, ceux qui se conforment à leur nature propre se préoccupent des réalités de la nature humaine, tandis que ceux qui se conforment à l'Esprit sont préoccupés par ce qui est de l'Esprit. De fait, la nature humaine tend vers la mort, tandis que l'Esprit tend vers la vie et la paix. En effet, la nature humaine tend à la révolte contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et qu'elle n’en est même pas capable. Or, ceux qui sont animés par leur nature propre ne peuvent pas plaire à Dieu". D'après le contexte, il est clair que ceux qui "se conforment à leur nature propre" sont des incroyants. Leur volonté est asservie au péché, et c'est pourquoi le péché est tout ce qu'ils désirent. Ils ne peuvent pas se soumettre à la loi de Dieu.
Dans ce cas, qui peut être sauvé ? "Tout est possible à Dieu" (Marc 10:27). Le Seigneur agit ainsi en certains pour dynamiser leur esprit et leur donner le désir de se repentir et de croire (voir Actes 16:14). Les pécheurs ne le font pas d'eux-mêmes, mais seulement sous la puissance de conviction de l'Esprit. S'il en était autrement, ceux qui sont sauvés pourraient se vanter de posséder une certaine sagesse ou une supériorité morale qui leur fait choisir de se repentir et de croire lorsqu'ils sont confrontés aux faits, alors même que tant d'autres continuent à rejeter l'Évangile. Mais c'est par la grâce que nous sommes sauvés, et personne ne peut se vanter (Ephésiens 2:8-9). Dieu n'est pas obligé de sauver qui que ce soit (il a le libre arbitre), mais il désire que tous soient sauvés et se repentent (1 Timothée 2:4, 2 Pierre 3:9). Il offre le salut à chacun (Tite 2:11), mais il ne forcera personne à venir à lui. Par sa souveraineté, son caractère immuable (Malachie 3:6), sa prescience (Romains 8:29, 11:2), son amour (Ephésiens 1:4-5), son plan et sa volonté (Ephésiens 1:5), il prédestine certains au salut. Il permet à d'autres de continuer à se rebeller, ce qui est exactement ce qu'ils veulent faire. Dans les deux cas, les gens font des choix réels, sans contrainte.
Venir à la foi en Christ libère notre volonté afin d'obéir à Dieu, pour désirer les choses de Dieu, mais les chrétiens ont toujours une ancienne nature qui les tire dans l'autre direction. Romains 6:12-14 dit : "Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel pour vous soumettre à lui par ses désirs. Ne mettez plus vos membres au service du péché comme des instruments de l'injustice, mais au contraire livrez-vous vous-mêmes à Dieu comme des morts revenus à la vie et mettez vos membres à son service comme des instruments de la justice. En effet, le péché n’aura pas de pouvoir sur vous, puisque vous n’êtes plus sous la loi mais sous la grâce". Un jour, les croyants seront dans la sanctifiés (glorifiés) et ne pourront plus pécher, mais leur amour pour Dieu sera authentique. Ils seront libres de faire ce qu'ils veulent, mais ils ne voudront rien faire qui déplaise à Dieu.
Avant la chute, on peut dire que l'homme avait une volonté "libre" en ce sens qu'il était libre d'obéir ou de désobéir à Dieu. Après la chute, la volonté de l'homme a été corrompue par le péché au point qu'il a totalement perdu la capacité d'obéir volontairement à Dieu. Cela ne signifie pas que l'homme ne peut pas obéir extérieurement à Dieu. Au contraire, l'homme ne peut accomplir aucun bien spirituel qui soit acceptable par Dieu ou qui ait un mérite salvateur. La Bible décrit la volonté de l'homme comme "morte à cause de vos fautes et de vos péchés" (Éphésiens 2:1) ou comme "esclave du péché" (Romains 6:17). Ces expressions décrivent l'homme comme étant à la fois incapable et réticent à se soumettre à l'autorité souveraine de Dieu. Par conséquent, lorsque l'homme fait des choix en fonction de ses désirs, nous devons nous rappeler que les désirs de l'homme sont dépravés, corrompus et totalement rebelles à Dieu.
Dieu a créé un monde où les gens pouvaient choisir de désobéir, et il permet aujourd'hui aux gens de continuer à se rebeller contre lui : "Que dire si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère tout prêts pour la perdition? Et que dire s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de compassion qu'il a d'avance préparés pour la gloire ?" (Romains 9:22-23). Tout le plan de la rédemption tend vers la louange de la gloire de Dieu (Ephésiens 1:14). Comme on peut s'y attendre, cette doctrine est tout à fait insatisfaisante pour ceux qui sont en rébellion contre Dieu et qui n'ont aucun désir de lui rendre gloire. Lorsque nous nous engageons dans l'évangélisation ou l'apologétique, nous sommes souvent tentés d'offrir une autre réponse, plus "plaisante", qui concentre le salut sur le bénéfice pour l'humanité. Nous devrions résister à cette tentation et continuer à nous concentrer sur la gloire de Dieu.
Dieu ne contraint pas les gens à le rejeter, il leur permet simplement de faire la seule chose qui les intéresse vraiment (pécher), et il leur permet de le faire avec beaucoup de variété et de créativité. Dieu ne contraint pas les gens à l'accepter, mais il les persuade par des tactiques qui ne peuvent être refusées. Dieu contrôle la situation, mais les humains font de vrais choix. D'une certaine manière, le contrôle de Dieu et la liberté humaine sont parfaitement compatibles.
En fin de compte, il y a des questions auxquelles on ne peut tout simplement pas répondre entièrement ou que l'on ne peut pas comprendre entièrement, et nous ne devons jamais nous mettre à la place de Dieu pour le juger en déclarant ce qu'un Dieu aimant "devrait faire" ou un Dieu juste "aurait dû faire".
Après avoir conclu un long chapitre sur le contrôle de Dieu et le choix de l'homme (Romains 9-11), Paul conclut par ceci :
"Quelle profondeur ont la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies impénétrables! En effet, qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller? Qui lui a donné le premier, pour être payé en retour? C'est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !" (Romains 11:33-36).
Et Paul termine la lettre aux Romains par ceci : "A ce Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus-Christ! Amen!" (Romains 16:27).
Dieu a créé le monde tel qu'il l'a fait et a donné aux humains les libertés dont ils disposent afin de se glorifier lui-même. La glorification de Dieu est le plus grand bien possible.
