Question : Qu'est-ce que le kénoticisme / la théologie kénotique ?
Réponse :
Le kénoticisme, également connu sous le nom de théologie kénotique ou de christologie kénotique, est une vision non biblique de la nature du Christ. Le kénoticisme enseigne que la divinité du Fils de Dieu a été en quelque sorte perdue ou diminuée lorsque le Seigneur a pris la chair humaine et est entré dans notre monde.
Le mot kénotique vient du mot grec kenoó, dont une forme est traduite par "vidé" ou "dépouillé" dans certaines traductions de Philippiens 2:7. Écrivant au sujet du Christ, Paul dit : "Lui qui est de condition divine, il n'a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais il s'est dépouillé [ekenōsen] lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains" (Philippiens 2:6-7).
La théologie kénotique ou christologie kénotique, introduite pour la première fois à la fin des années 1800 par le théologien allemand Gottfried Thomasius (1802-75), est basée sur l'idée que Jésus a effectivement mis de côté une partie de sa divinité afin de ressembler davantage aux êtres humains. Le texte de Philippiens 2:6-7 est utilisé comme preuve de cette idée. Selon le kénoticisme, Jésus s'est "vidé" de ses attributs divins.
La vérité biblique est que Jésus-Christ possédait pleinement une nature divine et une nature humaine, et que les deux natures coexistaient dans ce que l'on appelle souvent l'union hypostatique. Le kénoticisme est une tentative de redéfinir la nature du Christ. Il est intéressant de noter que le kénoticisme ne remet en question que la nature divine du Christ, et non sa nature humaine. La plupart des gens peuvent facilement accepter la réalité de l'humanité de Jésus. Peu de gens contesteraient le fait que Jésus est né, a vécu et est mort en tant qu'être humain. Ce qui est plus difficile à accepter, c'est qu'il soit né, ait vécu, soit mort (et soit ressuscité) en tant que Dieu incarné.
Si Jésus s'est dépouillé de certains de ses attributs divins, comme certains l'enseignent, nous sommes confrontés à des problèmes théologiques. Tout d'abord, le fait de se dépouiller d'une partie de sa divinité rendrait Jésus moins que pleinement divin. S'il avait temporairement mis de côté son omniscience, son omnipotence, etc., il aurait cessé d'être le Fils divin de Dieu. Or, Dieu ne peut cesser d'être Dieu, ne serait-ce qu'un instant.
Un autre problème important de la christologie kénotique concerne la destinée éternelle de tous ceux qui suivent le Christ. Aucun être humain ne peut remplir le rôle de Sauveur. Si Jésus n'était pas la deuxième personne infinie du Dieu trinitaire, son sacrifice serait insuffisant. Si le Christ n'était pas divin, s'il avait renoncé à sa divinité à un moment donné, l'efficacité de son sacrifice sur la croix serait annulée. Pour être le Sauveur, Jésus a été à chaque instant à la fois pleinement Dieu et pleinement homme.
Comment comprendre alors Philippiens 2.6-7, qui dit que le Fils de Dieu s'est "vidé" ou "dépouillé" de lui-même en prenant la forme d'un serviteur ? De quelle manière Jésus s'est-il "vidé" ? Commençons par le contexte. Les versets 1 à 5 décrivent l'attitude que les croyants doivent adopter, une attitude qui "était aussi dans le Christ Jésus". Les croyants doivent faire preuve d'humilité et de pauvreté d'esprit, en adoptant le même état d'esprit d'abnégation que Jésus. Il n'a pas utilisé son égalité avec Dieu à son propre avantage ; il a plutôt pris la forme d'un serviteur. Les croyants doivent imiter le Christ en devenant humbles et obéissants. Les croyants ne se dépouillent pas de leurs attributs humains pour devenir autre chose, pas plus que Jésus ne s'est dépouillé de ses attributs divins. Ils regardent plutôt Jésus comme leur exemple et soumettent leurs impulsions et leurs désirs pour le bien des autres.
Le "dépouillement" du Christ était la mise à l'écart des privilèges de la divinité, et non la divinité elle-même. Au ciel, le Fils de Dieu possédait un honneur, une gloire et une adoration infinis. Mais il a choisi de quitter cette position d'honneur, et il s'est "réduit à rien" (Philippiens 2:7). Lorsqu'il est venu sur terre, il a voilé sa gloire et a choisi d'occuper la position d'esclave. La kénose dont il est question dans Philippiens 2:7 était un renoncement à soi, mais pas un abandon de la divinité. Jésus n'a jamais cessé d'être Dieu, et il n'a pas échangé la divinité contre l'humanité.
Ce que Jésus a fait, c'est mettre de côté sa gloire céleste. Il s'est volontairement abstenu d'utiliser sa divinité pour faciliter son chemin. Ses miracles n'ont pas été accomplis pour son propre bénéfice, mais pour aider les autres. Pendant son ministère terrestre, le Christ s'est entièrement soumis à la volonté du Père (Jean 5:19). John Walvoord l'explique ainsi : "L'acte de kénose ... peut ... être correctement compris comme signifiant que le Christ n'a renoncé à aucun attribut de la Déité, mais qu'il a volontairement restreint leur usage indépendant en accord avec son but de vivre parmi les hommes et leurs limites" (Jésus-Christ Notre Seigneur, p. 144).
Parfois, Jésus a intentionnellement voilé ses attributs qui, à d'autres moments, étaient pleinement visibles. Lorsqu'il a guéri les malades, marché sur l'eau, nourri les 5 000 personnes et ressuscité Lazare d'entre les morts, la nature divine de Jésus était évidente. Lorsqu'il s'est laissé affamer, assoiffer, battre, maltraiter et crucifier sans riposter, il a intentionnellement limité son pouvoir divin. Il n'a pas renoncé à son pouvoir ; il a plutôt choisi de l'assujettir pour un plus grand bien. Mais à aucun moment de sa vie, le Christ n'a été privé de la plénitude de sa divinité (voir Colossiens 2:9).
Les discussions sur le kénoticisme sont compliquées mais pour faire simple : la Bible enseigne la kénose du Christ, mais elle n'enseigne pas que Jésus a renoncé à des attributs divins. La kénose doit être comprise dans le contexte plus large de l'ensemble des Écritures. Et lorsque les enseignants parlent de kénose, nous devons être sûrs de comprendre comment ils utilisent ce terme. Le kénoticisme est une hérésie qui pousse trop loin le concept biblique de kénose.