Question
Qui sont les élus de Dieu ?
Réponse
Les « élus de Dieu » sont tout simplement ceux que Dieu a prédestinés au salut. Ils sont appelés « élus » pour exprimer que Dieu les a choisis. De même que tous les cinq ans, en France, nous élisons notre nouveau Président de la République, Dieu choisit qui il sauve, ses élus.
L’élection divine de ceux qui seront sauvés ne pose pas question : cʼest la manière dont il effectue ce choix qui est sujet à controverse. À travers lʼhistoire de lʼÉglise, on retrouve principalement deux positions sur la doctrine de lʼélection (ou de la prédestination) : la première, quʼon appelle prescience ou préconnaissance, est que Dieu, qui est omniscient, sait dʼavance qui finira par choisir librement de mettre sa foi et sa confiance en Jésus-Christ pour son salut et les élit « avant la création du monde » selon cette prescience (Éphésiens 1.4). Cʼest la position de la plupart des évangéliques dans le monde occidental, États-Unis en tête.
La deuxième est la position augustinienne, qui enseigne que non seulement Dieu élit ceux qui mettront leur foi en Jésus-Christ, mais leur fait aussi lui-même don de la foi. Autrement dit, lʼélection divine pour le salut nʼest pas fondée sur la préconnaissance de la foi dʼune personne, mais sur la grâce libre et souveraine du Dieu Tout-Puissant, qui élit ceux quʼil veut sauver et qui finiront par mettre leur foi en Christ parce que Dieu les a élus.
La différence se résume à la question de savoir qui, de Dieu ou de lʼhomme, est lʼauteur ultime du choix du salut. Pour les partisans de la prescience, cʼest lʼhomme, dont le libre arbitre souverain devient le facteur déterminant de lʼélection divine. Dieu ouvre la voie du salut par Jésus-Christ, mais cʼest à lʼhomme de choisir de la suivre afin de sʼapproprier son salut. Cette vision a pour effet de rendre Dieu impuissant et de le priver de sa souveraineté en rendant le Créateur dépendant de ses créatures : sʼil veut des hommes au ciel, il ne lui reste quʼà espérer quʼils emprunteront librement sa voie du salut. En fait, il ne sʼagit même plus dʼune élection, puisque Dieu ne choist réellement personne, mais ne fait que confirmer notre choix.
Pour les Augustiniens, cʼest Dieu qui, dans sa souveraineté, non seulement choisit librement qui il veut sauver, mais accomplit leur salut au lieu de tout simplement le rendre possible. Cette vision rend justice à Dieu comme Créateur et Souverain.
La vision augustinienne pose cependant problème aussi. Des critiques ont affirmé quʼelle prive lʼhomme de son libre arbitre : si Dieu choisit qui sera sauvé, quelle différence fait la foi ? Pourquoi annoncer lʼÉvangile ? De plus, si Dieu nous élit selon sa volonté souveraine, en quoi sommes-nous responsables de nos actes ? Ce sont de bonnes questions qui nécessitent des réponses. Un bon passage pour y répondre est Romains 9, le passage le plus profond sur la souveraineté de Dieu dans lʼélection.
Le contexte de ce passage est Romains 8, qui se termine sur cet élan de louange : « En effet, jʼai lʼassurance quʼ[…] aucune […] créature ne pourra nous séparer de lʼamour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8.38-39), lequel mène Paul à se demander comment un Juif réagirait. Alors que Jésus est venu pour les brebis perdues dʼIsraël et que lʼÉglise était encore majoritairement juive, lʼÉvangile se répandait bien plus rapidement parmi les non-Juifs. Le message était même une pierre dʼachoppement pour beaucoup de Juifs (1 Corinthiens 1.23), qui rejetaient Jésus, ce qui pouvait mener le Juif moyen à se demander si le plan dʼélection divin avait échoué, puisque la plupart des Juifs rejetaient le message de lʼÉvangile.
À travers Romains 9, Paul expose de manière systématique lʼélection souveraine de Dieu depuis le commencement. Il commence par une affirmation cruciale : « ceux qui sont issus dʼIsraël ne sont pas tous Israël » (Romains 9.6), cʼest-à-dire que tous ceux qui sont issus du peuple dʼIsraël (cʼest-à-dire de la descendance dʼAbraham, dʼIsaac et de Jacob) nʼappartiennent pas au véritable Israël (aux élus de Dieu). Puis il passe en revue lʼhistoire dʼIsraël, montrant que Dieu a choisi Isaac au lieu dʼIsmaël et Jacob au lieu dʼÉsaü. Au cas où quelquʼun penserait quʼil les a choisis en fonction de leur foi ou de leurs bonnes œuvres futures, il ajoute : « les enfants nʼétaient pas encore nés et nʼavaient donc fait ni bien ni mal – afin que le plan de Dieu subsiste, conformément à son choix et sans dépendre des œuvres mais de celui qui appelle » (Romains 9.11).
Ici, on serait tenté dʼaccuser Dieu dʼinjustice. Paul anticipe cette accusation au verset 14 : « Je ferai grâce à qui je veux faire grâce, et jʼaurai compassion de qui je veux avoir compassion » (Romains 9.15). Dieu est souverain sur sa création. Il est libre de choisir et de ne pas choisir qui il veut. La créature nʼa aucun droit dʼaccuser le Créateur dʼinjustice. Lʼidée même que la créature puisse juger son Créateur semble absurde à Paul et il devrait en être de même pour nous, comme le montre lʼéquilibre en Romains 9.
Comme mentionné précédemment, il y a dʼautres passages qui parlent des élus de Dieu (Jean 6.37-45 et Éphésiens 1.3-14 notamment). Le cœur de leur message est que Dieu a élu un reste de lʼhumanité pour le racheter et le sauver. Ces élus ont été choisis dès avant la création du monde et leur salut est complet en Christ, comme le dit Paul : « En effet, ceux quʼil a connus dʼavance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à lʼimage de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Ceux quʼil a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux quʼil a appelés, il les a aussi déclarés justes ; et ceux quʼil a déclarés justes, il leur a aussi accordé la gloire. » (Romains 8.29-30).
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Qui sont les élus de Dieu ?